À l'occasion de la 14e édition du festival Versailles au son des orgues qui se tient du 1er au 22 décembre 2024 avec 17 concerts de talents émergents et confirmés, la Ville de Versailles vous propose de vous replonger dans l'exposition "Les orgues de Versailles" qui avait orné les grilles de l'hôtel de ville en 2022.

À la croisée du patrimoine, de l’artisanat, de l’architecture et de la musique, l’orgue est particulièrement présent à Versailles : cathédrale, églises, temple, synagogue, chapelle royale, appartements du Château, salles de musique du Conservatoire à rayonnement régional ou Centre de musique baroque. Redécouvrez ci-dessous les dessins de Guillaume Lechevalier-Boissel !

Église Notre-Dame - Tribune

La masse impressionnante du buffet, épaissi par le large soubassement élargi par Joseph Merklin en 1868, frappe le visiteur. Elle fait même oublier les quelques tuyaux de bois, du reste omis sur le dessin, disposés de part et d’autres. Il faut imaginer l’orgue dans la disposition moins massive telle que sculptée par l’ébéniste Antoine Rivert en 1688.  Le dessin, et la vue réelle de l’instrument, ne laissent pas supposer que le positif (petit orgue au premier plan posé sur la rambarde de tribune), est aujourd’hui une coquille vide, les quelques tuyaux de façade étant conservés pour dissimuler une grande console complètement repensée lors de la restauration récente.

Église Notre-Dame - Chapelle

Ce petit orgue d’accompagnement contemporain a été construit par le facteur Bernard Cogez. Sa grande sobriété, son vocabulaire très cartésien, n’ont pourtant rien de monotone. Les trois largeurs différentes, la balustrade dissimulant le banc de l’organiste, le soubassement accueillant l’unique clavier, les registres en colonne et plates-faces de tuyaux, viennent en effet rythmer l’ensemble. La simple couronne habillant la boiserie au premier plan marque comme un rappel du plein-cintre en haut de l’instrument. L’esthétique sonore est d’ailleurs à l’image de l’architecture de l’orgue : simple et élégante.

Église Notre-Dame - Chapelle

Cet orgue est marqué par une division stricte entre esthétique traditionnelle et moderne. En bas, l’aspect traditionnel des boiseries apporte une note rassurante, les lignes du soubassement s’astreignent à une stricte horizontalité, souhaitant presque se faire oublier (cet orgue de chœur ne devant pas détrôner l’autel derrière lequel il prend place). A contrario, la disposition de la tuyauterie de façade nous montre fièrement une silhouette élancée. La parabole centrale, entourant le tableau de l’Assomption, semble former un V victorieux que tempère l’étonnante disposition en symétrie des bouches des tuyaux. Tous tuyaux dehors, appelant à l’élévation spirituelle, le son est prêt à jaillir au plus proche de la maîtrise qui l’entoure pour emplir l’immense édifice de Jules Hardouin-Mansart.

Chapelle royale du Château - Grand positif

Cet orgue mobile d’accompagnement, conçu pour jouer assis comme debout, impose d’emblée la juste mesure : il s’agit d’un grand positif, dont les ornements délicatement sculptés permettent d’anticiper la richesse sonore.

Construit en 2008 par Quentin Blumenroeder, sa silhouette raffinée, d’or et d’ivoire, nous replonge dans l’Ancien régime. Petite touche révolutionnaire, ses écussons (encadrement des bouches des tuyaux) font apparaître des losanges, un des ornements les plus répandus durant la Révolution française, en opposition aux rosaces ou médaillons.

Église Sainte-Jeanne-d’Arc - Orgue d’accompagnement

Petit orgue que l’on peut jouer aussi debout tout en roulant sur la route ! Cet instrument, dans un style tirant vers celui des années 70, est équipé de roulettes pour se déplacer à l’infini. C’est aussi un gâteau marbré ! Couleur chocolat au lait ayant des tuyaux en bois peints en faux marbre remplis de veinures grises, le manchon d’accord de ces tuyaux de basse bouchés en guise de bougies. L’expression de ce petit instrument d’accompagnement est neutre, son visage est asymétrique sans caractère affirmé.

Chapelle Saint-Joseph

Orgue de salon du XIXe siècle, à la couleur foncée chocolat, comme l’époque en était friande, cet orgue s’inspire pourtant d’ornementations de style baroque ou classique. Y voyez-vous les trois petits angelots jouant à cache-cache ? Massives, les deux extensions du buffet de part et d’autre des tourelles latérales le font ressembler à une armoire normande, bien plantée au sol.Le centre nous dévoile pourtant tout un jeu d’ombres et de lumières. La grande tourelle s’entoure de deux gardes, en une silhouette très protocolaire : sa coiffe est parfaite, pas un cheveu ne dépasse ! Et pour une fois, l’organiste se laisse enfin démasquer : il joue sur le côté !

Église Saint-Michel

Grande armoire en chêne et acajou, sa structure est très sobre avec ses plein-cintres symétriques. Les piliers latéraux sont ornés de cannelures et l’ensemble couronné d’une moulure à denticules. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’ensemble est un précieux témoignage de la facture d’orgue de John Abbey, émigré anglais venu s’installer à Versailles où il fonda une importante manufacture (à l’emplacement de l’actuel Palais des congrès), dont la plupart des orgues de Versailles sont logiquement issus. La tuyauterie de ce petit opus, autrefois installé dans la chapelle de l’ancien hôpital Richaud, est classée au titre des monuments historiques.

Chapelle Notre-Dame des-Armées

Étonnant ! Sombre et pointu, il pourrait presque effrayer. Son créateur s’est-il inspiré de quelque chinoiserie ? Cet instrument à l’esthétique des années 70 a été construit assez récemment, en 1986. L’organiste se positionne entre les deux buffets. Cet orgue, construit pour le Conservatoire de Versailles, a vu et voit défiler des générations de jeunes organistes s’entraînant jusque tard dans la nuit au fond de l’impasse des gendarmes.

Lycée Notre-Dame-du-Grandchamp

De l’art du patchwork… Cet orgue du XIXe siècle est le résultat d’un assemblage de styles. Nous y retrouvons des ornements typiques de la Renaissance, un fronton triangulaire inspiré du XVIIe siècle, des cannelures d’esprit classique et même de petites gargouilles néo-gothiques. Mais l’ensemble est fort réussi, harmonieux et d’une certaine majesté. Autrefois en tribune, l’orgue a été descendu pour prendre place au sol dans le transept. L’étonnante boîte peinte dans un ton pierre, en haut à l’arrière de l’instrument, héberge un orgue à part entière. Les jalousies peuvent être ouvertes ou fermées depuis la console : ce dispositif offre des possibilités de crescendo et decrescendo apportant à l’orgue un surcroît d’expressivité.

Château de Versailles - Orgue dit du Dauphin

C’est bien Versailles ici ! Ce superbe buffet Louis XV est un petit cabinet d’orgue en forme d’armoire avec de riches moulures et dorures foisonnantes sur fond blanc grisé. L’oeil cherche un point particulier mais ne le trouve pas tant le décor est fastueux pour un si petit instrument.  L’orgue, élancé, est néanmoins tout en courbes et en relief, ne se contentant pas comme souvent de deux dimensions : le soubassement est galbé dans une audace que ne renierait pas l’Art nouveau. L’ensemble est conforté par des étroites tourelles donnant du relief à l’instrument qui prend place dans une cloison des appartements royaux.

Chapelle royale du château de Versailles - Grand orgue

Le Roi des rois ? Ce fastueux et somptueux « fust d’orgue » signé Jules Hardouin-Mansart et Robert de Cotte a été réalisé par toute une équipe d’artisans experts, de l’ébéniste au doreur en passant par le tourneur de boutons de registres en ivoire. Le dessin est ici particulièrement saisissant pour qui ira voir l’orgue dans la chapelle palatine car deux grandes pilatres ne laissent voir que les trois tourelles centrales, et non cinq, renforçant encore l’élévation et l’élégance de l’instrument tout en ornement et détail, à l’image de la musique de cette époque. L’organiste qui avait le privilège de jouer ce bijou était la seule personne dans la chapelle à pouvoir tourner le dos au Roi.

Cathédrale Saint-Louis - Orgue de chœur

Cet orgue a été construit au XIXe siècle. Les ornements du buffet sont majoritairement inspirés du XVIIe siècle, avec de très sobres plein-cintres et des montants relevés de moulures cannelées. Au centre se trouve un cartouche sculpté orné de palme et arborant les initiales du saint patron de la cathédrale et du diocèse de Versailles, Saint-Louis. L’orgue, sans relief, se glisse dans une arcade du chœur et s’encastre dans les stalles que l’on voit de part et d’autre de la console. Les apparences sont parfois trompeuses, surtout lorsque le génie du grand facteur d’orgue Cavaillé-Coll opère : les chaleureuses sonorités de cet orgue de dimensions assez modestes suffit amplement à emplir toute la cathédrale.

Lycée Sainte-Geneviève

La navette spatiale de Thomas Pesquet ou bien une œuvre de science-fiction ? Les lignes brisées sans ménagement, le buffet traité comme un aplat et la profondeur donnée par des caissons font voir les tuyaux comme en négatif. Cet orgue aux allures futuristes de l’univers des années 70 donne l’impression de rougir, rugir et décoller. De quoi permettre aux élèves de Ginette de s’évader, après de dures compositions, en allant découvrir les mathématiques dans la musique de Bach…

Église Sainte-Jeanne-d’Arc - Grand orgue

Un orgue à l’allure d’orchestre ! Vous y trouverez l’ensemble des musiciens étagés sur des gradins. Ils n’attendent qu’une chose, l’arrivée du chef d’orchestre, au centre, à la console. Il est le fruit de l’architecture moderniste des années 60, avec un grand chambardement de sa structure voulant faire fi des contraintes ancestrales. Le buffet (pourtant précieuse caisse de résonance protectrice des tuyaux) n’est plus. L’imagination du facteur d’orgue prend le pouvoir. Les montres et autres prestants prennent leur envol… y compris le plus petit tuyau de l’orgue, juste dessus la tête de l’organiste, ne mesurant qu’un centimètre de haut. À l’origine construit pour la Maison de la radio à Paris (studio 103), cet orgue prit ses valises pour Versailles en 2008 cédé pour l’euro symbolique en échange d’une nouvelle vie.

Temple

Étonnant buffet. Si l’on explique l’origine des grandes formes, notamment le choix d’un grand dégagement au centre (le buffet s’inscrit exactement dans l’ouverture réservée par l’architecte Victor Petit en 1880 pour laisser passer la lumière de la rosace), le style se cherche et serait plutôt inspiré de l’art romano-byzantin. Il fait écho à la façade extérieure du temple de la rue Hoche. Le souhait était alors de retrouver l’architecture orientale qu’aurait connue le Christ en son temps.

Église Saint-Symphorien

Le buffet est de style Napoléon III, épousant une forme en chapeau de gendarme. Néanmoins, des éléments d’architecture classique s’y cachent et la disposition de trois angelots au pied des tuyaux vient apporter une touche baroque, égayant un ensemble assez strict mais non sévère. On devine que la console, aux volets fermés, est bien plus contemporaine. Comme beaucoup d’autres instruments, l’orgue de Saint-Symphorien connut les modes du temps qui passe, les altérations, modifications reconstruction associées. L’édifice aussi, car les magnifiques colonnes soutenant la tribune de l’époque, trop hautes pour accueillir cet orgue, ont été abattues.

Église Sainte-Élisabeth-de-Hongrie

Cet orgue des frères versaillais Eugène et John Abbey a une disposition très sobre, en galerie. Cet instrument, médaillé à l’Exposition universelle de 1900, apparaît sur ce dessin très différemment, en pleine largeur, tel que vu par les visiteurs de l’exposition. Sa disposition d’aujourd’hui, dans l’église Sainte-Élisabeth, est un peu exigüe pour lui.

Cathédrale Saint-Louis - Grand orgue

Splendeur d’un buffet qui force l’admiration, dans un magnifique style du XVIIIe, un des plus beaux orgues de France assurément. Sa disposition est originale le petit orgue dit positif surmonte le blason de Saint-Louis sur une très belle tribune en encorbellement concentrant les regards, l’organiste devant gravir quelques marches supplémentaires pour accéder aux claviers. Il se nourrit aussi d’une riche symbolique trinitaire : le chiffre trois est présent partout, à commencer dans les 3 x 30 tuyaux de montre (les tuyaux visibles). En 2022, à la suite d’une belle restauration, une fois sortie de sa chrysalide façon Christo, l’orgue a retrouvé toute sa voix !

Synagogue

Le petit orgue de la synagogue se fait bien discret, entièrement caché dans une boîte fermée de volets mobiles. Ce petit instrument du célèbre facteur Cavaillé-Coll fut offert en 1887 à la communauté israélite de Versailles. Il démontre qu’au-delà des instruments immenses et glorieux comme le grand orgue de la cathédrale Saint-Louis, qui a vu passer le même facteur, de petites orgues d’accompagnement peuvent, avec une composition bien choisie et une harmonie de qualité, accompagner aisément le culte.

Ne manquez pas le festival Versailles au son des orgues !

La 14e édition du festival Versailles au son des orgues se tient jusqu'au 22 décembre 2024 à Versailles. Au programme : 17 concerts de talents émergents et confirmés, un événement à ne pas manquer !

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