Bibliothèque Centrale de Versailles
C’est dans un bâtiment à l’histoire particulièrement riche en péripéties et anecdotes que nous vous accueillons. Il permet à lui tout seul de se replonger dans une partie de l’histoire versaillaise, nationale… voir même internationale !
Construit par Jean-Baptiste Berthier en 1761 grâce à la mise en œuvre de techniques novatrices, il constitue une véritable « cité administrative » avant l’heure, avec ses voisins l’Hôtel de la guerre et, bien sûr, le château de Versailles. « L’hôtel des Affaires étrangères » accueille alors les archives du Ministère des Affaires étrangères et les bureaux de la Marine. Jusqu’à la Révolution il est le lieu de représentation de la diplomatie et le reflet de la politique étrangère de la France. Sa grande galerie, lieu d’apparat richement décoré au 1e étage, est le cadre de négociations de premier ordre comme le traité de Gênes qui consacre le rattachement de la Corse à la France (1768) ou le traité de Paris qui reconnaît l’indépendance des jeunes États-Unis d’Amérique (1783). À partir de 1789, l’Hôtel de la Marine et des Affaires étrangères se retrouve pris dans le tourbillon de la Révolution et les archives et bureaux des ministères quittent Versailles pour Paris. Le bâtiment devient finalement bibliothèque municipale en 1803 et ses collections sont constituées à partir des confiscations révolutionnaires et comprennent donc, entre autres trésors, des documents personnels de plusieurs rois et reines de France et de leurs proches. Au fur et à mesure de l’expansion des collections, grâce à des donations exceptionnelles et aux acquisitions, les collections passent de 36000 volumes au début du XIXe siècle à 200000 en 1920 pour atteindre aujourd'hui plus de 600000 documents à la bibliothèque Centrale. Le réseau des bibliothèques de la ville de Versailles compte aujourd’hui 9 bibliothèques qui proposent des collections et services variés à destination de tous les publics.
Parmi elles, celle de l’Heure Joyeuse, deuxième bibliothèque pour enfants créée en France, en 1935.
La bibliothèque de l'Heure Joyeuse
L'Heure Joyeuse est créée en 1935 à l'initiative d'Antoinette Kont. Ses collections sont représentatives d’une période charnière dans l'histoire des bibliothèques pour enfants et de la pédagogie. Entre 1920 et 1940 de nouvelles méthodes éducatives sont en effet développées et les idées du mouvement d'Éducation nouvelle prédominent alors : respect de la personnalité de l'enfant et de son individualité, apprentissage par l'expérience personnelle, importance de la formation artistique. Antoinette Kont ajoute à ces idées une exigence de qualité quant à la sélection des ouvrages destinés à alimenter le fonds de la bibliothèque. A côté de l'édition classique naît alors une littérature pour tous, laïque et ouverte sur le monde. L'intégralité de la production littéraire de l'époque pour la jeunesse est donc soigneusement lue et analysée avant son éventuelle mise en rayon. A l'ouverture, la bibliothèque comptait environ 250 livres, et 2000 livres cinq ans plus tard, grâce à la persévérance de sa fondatrice.
Le fonds de l'Heure Joyeuse constitue un témoignage apporté à l'histoire des bibliothèques pour enfants et, au-delà, à l'histoire de l'Éducation. Il se compose aujourd'hui de près de 8000 volumes.
La bibliothèque conserve encore aujourd’hui une malle, remplie de 139 livres américains pour la jeunesse et d'une vingtaine de lettres d'écoliers de Bridgeport (Connecticut). Elle a été envoyée fin 1946 à la bibliothèque de l'Heure Joyeuse de Versailles, à la suite d'un mouvement de solidarité né outre-Atlantique après la seconde Guerre Mondiale. La malle est arrivée à destination dans le courant de l'année 1948, par l'intermédiaire de l'organisme Our world united through books Inc. qui, par ses actions, connut un certain rayonnement en Europe. Les inscriptions qui y figurent témoignent de la volonté d'une paix durable, d'échanges interculturels et de connaissance mutuelle des peuples : "UNITED THROUGH BOOKS" et "BOOKS NOT BULLETS".